L'Histoire du Turkménistan
Les sources anciennes indiquent que l'histoire du Turkménistan commença au début du Paléolithique. Une multitude d'outils en pierre trouvés ici datent de cette période. Les vestiges des camps de chasseurs et de pêcheurs se rapportent à la période du Néolithique. Le plus connu d'entre eux est la grotte de Dzhebel dans la région orientale de la mer Caspienne.
Le sud du Turkménistan est le lieu où l'agriculture et l'élevage des bovins sont apparus d'abord en Asie centrale. Le village de Djeitun qui fut découvert près d'Achgabat est le village agricole le plus ancien (6 000 avant Jésus-Christ).
Pendant longtemps, d'anciennes civilisations existèrent et se développèrent sur le territoire de l'actuel Turkménistan. Au premier millénaire avant Jésus-Christ, la satrapie de Margiane, la Parthie et la Médie se trouvaient ici. Elles furent conquises par les Perses au VIe siècle avant Jésus-Christ et elles firent partie du premier Empire perse, les Achéménides, qui fut à son tour conquis par Alexandre le Grand au IVe siècle avant Jésus-Christ. Après l'effondrement de l'Empire d'Alexandre le Grand, les territoires devinrent la possession de ses successeurs, les Séleucides.
Aux VIIe et VIIIe siècles, le territoire du Turkménistan fut conquis par les Arabes répandus dans toute l'Asie centrale. Ils introduisirent l'Islam.
Aux IXe et Xe siècles, les terres turkmènes faisaient partie des Empires Tahiride et Samanide, et du XIe au XIIIe siècles, ces terres faisaient partie de l'Empire des Seldjoukides. Au XIIIe siècle, le pays fut conquis par les troupes mongoles dirigées par Gengis Khan, qui annexa le territoire du Turkménistan à son Grand Empire.
La Grande Route de la Soie, qui était en quelque sorte le symbole de l'intégration culturelle de l'Occident et de l'Orient, traversait le territoire de l'actuel Turkménistan. Une caravane commerciale partait de Xi'an, qui était l'extrémité orientale de la Route de la Soie, puis traversait toute l'Asie centrale et l'Inde jusqu'aux rivages de la mer Noire et de la Méditerranée.
Vers le début du XVIe siècle, les tribus turkmènes du Nord s'établirent largement sur toute la côte orientale de la mer Caspienne. Elles occupèrent la péninsule de Manguistaou (Mangichlak), le plateau d'Oust-Ourt et les montagnes de Balkan, les périphéries du nord-ouest de l'oasis de Khorezm, les rives du lac Sarykamysh, ainsi que le désert de Karakoum. Elles prirent possession des terres et des oasis du sud du Turkménistan. À cette époque, la plupart des tribus turkmènes étaient semi-nomades, en combinant l'agriculture sur les terres irriguées et l'élevage de bétail. Dans chaque clan, il y avait à la fois des éleveurs de bétail et des agriculteurs. L'agriculture était l'apanage des membres les plus pauvres du clan.
Du XVIIe au XIXe siècle, le territoire du Turkménistan fit l'objet d'une controverse entre le shah de la Perse, le khan de Khiva et l'émir de Boukhara. En conséquence, les tribus turkmènes furent divisées entre ces trois États (Iran, Khiva et Boukhara).
La majeure partie du territoire du Turkménistan appartenait au shah iranien Nader. Il réprima sévèrement la résistance turkmène en exterminant et en réduisant en esclavage les habitants, en confisquant le bétail et les biens. En 1747, Nader Shah fut assassiné, son empire s'effondra, et les tribus turkmènes qui avaient provisoirement quitté le nord revinrent dans le sud du Turkménistan.
Au cours de la même période, le lac Sarykamysh, sur les rives duquel les tribus turkmènes vivaient, commença à s'assécher progressivement. Elles furent donc contraintes de se déplacer vers le sud, dans la région de Kopet-Dag, puis vers le sud-est dans les vallées du Murghab et de l'Amou-Daria.
Dès le début du XVIIe siècle, les camps de nomades du Turkménistan septentrional et les villes du Khorezm furent soumis aux attaques impudentes des Kalmyks (Kalmouks) venus de l'Est à la recherche de terres inoccupées.
À la fin du XVIIe siècle, certaines tribus turkmènes épuisées par les attaques des Kalmouks et des guerriers du khan de Khiva prirent la nationalité russe et déménagèrent dans le Caucase du Nord.
À la veille de leur adhésion à l'Empire russe, les Turkmènes occupaient tout le territoire moderne du Turkménistan, ainsi que certaines régions de l'Iran contemporain et de l'Afghanistan. Certains d'entre eux vivaient à Oust-Ourt et à Manguistaou avec les nomades Kazakhs. Comme à la fin du Moyen Âge, les Turkmènes se composaient de nombreuses tribus, qui à leur tour étaient soumises à un système de subdivisions. Les plus grandes tribus étaient les Tekkes, les Yomuts (Yomud), les Ersaris, les Saryks, les Salyrs, les Göklen et les Chowdurs. L'esclavage patriarcal existait et il persista jusque dans les années 1880. La société Turkmène se divisait en plusieurs catégories sociales : les « bien élevés/de sang pur », les esclaves et les concubines. Outre ces catégories principales, il y avait aussi des nouveaux venus d'autres tribus et des descendants de la population persanophone soumise. Toutes ces catégories sociales, à l'exception des « biens élevés/de sang pur », n'étaient pas considérées comme des membres importants de la société.
En 1869, sur la rive orientale de la mer Caspienne, les Russes fondèrent le port de Krasnovodsk, mais vers le milieu des années 1880, le territoire du pays fut annexé à l'Empire russe, qui réprima l'insurrection des Turkmènes en 1881, lorsque la célèbre forteresse turkmène de Geok Tepe se rendit.
Après l'annexion à la Russie, le Turkménistan commença à participer au système économique du capitalisme russe, qui était quand même plus progressif par rapport à la structure sociale archaïque des tribus turkmènes.
Entre 1880 et 1885, le chemin de fer Transcaspien fut construit sur le territoire du Turkménistan, ce qui entraîna l'afflux de capitaux en Asie centrale. Un certain nombre de nouvelles villes dans la région transcaspienne (telles que Krasnovodsk, Achgabat, etc.) ont vu le jour, ainsi que des entreprises industrielles. Ainsi, avant la Révolution de 1917, des éléments du capitalisme ont commencé à apparaître au sein du système patriarcal féodal des Turkmènes. Après la Révolution, le pouvoir soviétique fut officiellement établi dans la région transcaspienne, puis, dans d'autres villes et des bourgades du Turkménistan.
Le 30 avril 1918, par décret du cinquième Congrès des Soviétiques du Turkménistan, la République socialiste soviétique indépendante du Turkestan fut créée (au sein de la structure de la République socialiste fédérative soviétique de Russie, la RSFSR). La majeure partie du territoire du Turkménistan (zone transcaspienne) y était incluse.
En juillet 1918, dans la région transcaspienne, les socialistes révolutionnaires et les mencheviks soutenus par les Anglais prirent le pouvoir. Les troupes anglaises envahirent la région. La guerre civile et l'intervention étrangère se prolongèrent d'environ un an et demi. En juillet 1919, l'Armée rouge occupa Achgabat et, en février 1920, Krasnovodsk. Les troupes anglaises furent chassées du Turkestan. Le 27 octobre 1924, la République socialiste soviétique du Turkménistan (RSS) fut créée. En février 1925, la déclaration sur la création de la RSS Turkmène et la décision sur son adhésion volontaire à la structure de l'URSS furent adoptées.
Au cours des années d'après-guerre, le Turkménistan subit une terrible catastrophe. En 1948, Achgabat connut un séisme destructeur. Néanmoins, grâce aux efforts de toutes les républiques fédérées, le peuple réussit avec succès à restaurer et à moderniser l'économie nationale de la république et à créer son propre complexe pétrolier et gazier, ainsi qu'à construire le canal du Karakoum.
L'Histoire contemporaine du Turkménistan commença dès 1990, avec la désintégration de l'URSS. Le 27 octobre 1991, le Turkménistan proclama son indépendance et élit le premier Président du Turkménistan, Saparmyrat Ataýewiç Nyýazow, dit Türkmenbaşy. Le président est le Commandant en chef suprême des forces armées du Turkménistan et le président du Parti démocratique du Turkménistan. Il a le pouvoir de nommer les ambassadeurs et les hauts fonctionnaires de l'appareil du pouvoir exécutif, y compris les chefs des ministères et des départements.
Les étapes les plus importantes de l'histoire contemporaine du Turkménistan sont le jour de la déclaration de l'indépendance du Turkménistan (le 27 octobre 1991), le jour de la Constitution du Turkménistan (le 18 mai 1992) et le jour de la signature de la résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies sur « la neutralité permanente du Turkménistan » (le 12 décembre 1995). Le plus grand évènement de 2001 fut la parution de « Ruhnama » ou le Livre de l'Âme, le code spirituel, moral et esthétique du Turkménistan, rédigé par Saparmyrat Türkmenbaşy.
La formation de la nation turkmène
La composition ethnique de l'ancienne population du Turkménistan était hétérogène. Dans l'Antiquité, des Dahae et des Massagètes, des éleveurs de bétail, parcouraient ce territoire. Au Moyen Âge, les tribus turcophones, nommées les Oghouzes, sont arrivées ici. Elles jouèrent un rôle important dans la formation de la nation turkmène et de sa langue. Du Xe au XIe siècle, le territoire fut soumis aux attaques des Seldjoukides.
Il est probable qu'entre le IXe et le XIe siècle, la partie de la population turcophone qui vivait dans la steppe a commencé à s'appeler Turkmène. Ils s'installèrent dans les zones agricoles et leur culture fut étroitement liée à celle des populations iraniennes du Khorezm et du Khorassan.
Ce n’est qu’aux XIVe et XVe siècles que la nationalité des Turkmènes s'est définitivement développée. À cette époque, la fusion des tribus sédentaires Oghouzes des steppes avec la population sédentaire persanophone du nord du Khorassan était achevée.