L'histoire du Kirghizistan
L'histoire du Kirghizistan couvre des périodes allant des pétroglyphes préhistoriques à la Grande Route de la Soie, de l'Union soviétique à l'indépendance du pays. Le territoire du Kirghizistan actuel fut conquis par un grand nombre de peuples différents, de nombreuses troupes comme celle de Gengis Khan ont traversé la région. Le Kirghizistan est depuis longtemps un point historiquement important au centre de l’Asie, à la croisée des routes commerciales et des empires. Située entre les empires chinois, perse, arabe, indien, turc et russe, la terre qui forme aujourd'hui le Kirghizistan a façonné l'histoire de nombreux peuples, religions, cultures et voyageurs.
L'Asie centrale et les régions autour du Tien Shan sont habitées depuis des milliers d'années, comme en témoignent les pétroglyphes et les découvertes archéologiques. Les inscriptions sur des pierres qui ont 5 000 ans et la ville d'Och qui fut fondée il y a 3000 ans le démontrent. La ville d'Och, dans le sud du Kirghizistan, fut l'un des plus anciens villages d'Asie centrale et elle est connue depuis l'Antiquité.
Le peuple nomade est l'un des plus anciens d'Asie centrale. Il arriva dans la région il y a environ 2000 ans. Il se dirigeait vers le Sud, à partir de la région sibérienne de l'Ienisseï, et forma le khanat kirghiz à la fin du premier millénaire.
Au cours du VIe siècle, le khanat des Karakhanides composé de tribus turques fut fondé.
Certains des premiers habitants étaient des nomades païens qui pratiquaient le tengrisme, une ancienne religion monothéiste centrée sur la nature.
Jusqu'à la bataille de Talas qui opposa la dynastie chinoise Tang et le califat arabe abbasside en 751 après Jésus-Christ, l'Asie centrale était principalement un territoire bouddhiste, même si bien sûr d'autres religions et d'autres cultures se propagèrent avec les voyageurs et les commerçants de la Grande Route de la Soie.
La bataille de Talas marqua un tournant à partir duquel l’islam devint la religion dominante et commença à avoir une énorme influence sur l’ensemble de la région.
Les Karakhanides qui furent au pouvoir du IXe au XIe siècle furent l’une des premières dynasties musulmanes qui intégra de nombreux éléments turcs anciens à l’islam.
L'une des villes les plus importantes était celle de Balasagoun, leur capitale, dont on peut encore visiter tout ce qu'il en reste, la Tour Burana qui est située à une heure à peine de Bichkek, et les mausolées d'Ouzgen.
Au XIIIe siècle, la dynastie des Karakhanides fut défaite par Gengis Khan qui établit alors le khanat mongol. Après la mort du puissant empereur mongol, le khanat se scinda en petites unités.
Lorsque l'Asie a subi la conquête mongole, les peuples qui sont devenus les ancêtres de l'ethnie kirghize contemporaine ont quitté le territoire du fleuve sibérien Ieninseï pour le Tien Shan. Le Tien Shan est resté sous contrôle mongol de diverses manières pendant plusieurs centaines d'années, y compris sous la domination des Kalmouks, des Oïrats et des Dzoungars.
La région qui forme l'Ouzbékistan actuel faisait alors partie du khanat de Djaghataï. Par la suite, il fut transformé en khanat de Kokand, dominé par les Ouzbeks.
Au XVIIIe siècle, la dynastie Qing en Chine atteignit son apogée et les khanats Oïrats devinrent des États vassaux. Avec l’émergence du khanat de Kokand au début des années 1700, le Kirghizistan passa sous sa domination. Tout au long de ces siècles précédents de l'histoire du Kirghizistan, la région jouait un rôle vital en tant que halte pour les voyageurs qui traversaient l'Asie par la Grande Route de la Soie. Aujourd'hui, les touristes peuvent voir de leurs propres yeux Tach Rabat, un caravansérail en pierre qui servait de sorte de relais de poste européen du XVe siècle dans la province de Naryn. Il y a aussi eu des influences provenant de nombreux pays, dont les langues, les cultures et même leurs ADN qui furent propagés par les habitants de la région et probablement par des commerçants et des voyageurs. Et bien que l'épopée de Manas ait la réputation d'être bien plus ancienne, les événements qui y sont décrits correspondent à l'histoire des XVIe et XVIIe siècles.
L'Asie centrale était la récompense la plus importante du Grand Jeu de l'expansion impériale des années 1800, joué entre la Russie au nord et la Grande-Bretagne au sud. À cette époque, l'influence du khanat de Kokand s'affaiblit, grâce à quoi les dirigeants mineurs régionaux acquirent plus de pouvoir. Lorsque le souverain de l'Alaï (sud du Kirghizistan), Alimbek Datka, fut tué lors d'un coup d'État au palais, son épouse, la puissante Kurmanjan Datka, aussi connue comme la Tsarine de l'Alaï ou la Reine du Sud, devint la nouvelle dirigeante du territoire en 1862. Comme les Russes s'approchaient davantage du territoire dirigé par Kurmanjan Datka, elle contribua à une transition pacifique. En 1867, la région de l'Alaï fut annexée par l'Empire russe.
Un film de 2014 raconte la vie de Kurmanjan Datka et montre aussi les fascinants paysages dans lesquels elle vécut. On considère désormais qu'elle est désormais qu'elle a contribué de manière significative dans l'histoire du Kirghizistan.
De 1867 à 1918, le Kirghizistan faisait partie du Turkestan russe, un gouvernorat général de l'Empire russe. Le Turkestan est resté un avant-poste colonial pendant de nombreuses années, isolé par l'éloignement de la capitale Saint-Pétersbourg, mais l'avènement des chemins de fer au début du XXe siècle amena de plus en plus de colons russes, mettant à rude épreuve les ressources limitées en terres et en eau.
Après une révolte dans les années 1873 et 1874, la région fit partie de l'Empire russe.
Cela conduisit à la révolte de Basmachi en 1916, suivie de sévères représailles russes. De nombreux Ouzbeks, Kazakhs et Kirghiz fuirent vers la Chine, à la suite de la révolte de 1916 et à cause de l'arrivée forcée du Parti communiste en 1918.
Après la création de l'Union soviétique en 1917, après la révolution d'Octobre, elle intégra l'Union soviétique. Le Turkestan fut divisé en oblasts, à peu près en fonction de l'appartenance ethnique. Étant donné que de nombreuses personnes étaient nomades et que de nombreuses personnes s'identifiaient davantage à leur religion, à leur ville ou à leur profession qu'à leur origine ethnique, les frontières étaient difficiles à tracer et de nombreuses populations se sont retrouvées en dehors de la nation à laquelle ils appartenaient (c'est pourquoi tant d'Ouzbeks vivent dans le sud du Kirghizistan aujourd'hui). L'oblast autonome de Kara-Kirghiz fut créé en 1924, pour être renommé oblast autonome kirghiz en 1925. Puis il est réorganisé au sein de la République socialiste soviétique autonome kirghize, en 1926. Ces deux organismes faisaient partie de la République socialiste fédérative soviétique de Russie. En 1936, fut créée la République socialiste soviétique kirghize, gouvernée par la branche kirghize du Parti communiste depuis la capitale Frounze, aujourd'hui Bichkek. Elle devint ainsi en 1936 l'une des 16 républiques constituantes de l'Union soviétique. L'une des personnalités les plus remarquables du Kirghizistan soviétique était Tchinguiz Aïtmatov, un célèbre homme politique, diplomate et écrivain.
Le 31 août 1991, la République du Kirghizistan déclara son indépendance de l'Union soviétique. Le président qui était en fonction depuis 1990, Askar Akaïev, devint le président de la nouvelle République et il est resté en poste jusqu'à la révolution des tulipes en 2005. La situation politique est restée instable jusqu'à ce que les manifestations de 2010 conduisent à l'éviction de Kourmanbek Bakiev, qui avait remplacé Akaïev. Les tensions dégénérèrent en violences ethniques entre Kirghiz et Ouzbeks à Och, rappelant des émeutes similaires qui avaient éclaté à Och en 1990. Roza Otounbaïeva devint présidente par intérim en avril 2010, devenant également l'une des rares femmes dirigeantes d'un pays à majorité musulmane. Elle est également devenue la première dirigeante kirghize à céder pacifiquement le pouvoir lorsqu'elle démissionna après les élections qui portèrent Almazbek Atambaev à la présidence en 2011. Depuis lors, le Kirghizistan est resté relativement stable, accueillant même deux Jeux mondiaux nomades, en 2014 et en 2016.