Soufisme en Ouzbékistan
Soufisme en Ouzbékistan : Histoire du Développement de la Discipline et des Maîtres Spirituels
Lorsque le soufisme s'est répandu dans le monde arabe, de nombreux musulmans ne portaient attention qu'aux valeurs matérielles et suivaient les règles de la charia, sans beaucoup se soucier de leur vie spirituelle. Cela a donc incité de nombreux universitaires à revenir à des valeurs simples et à se battre contre l'ennemi intérieur, c'est-à-dire l'envie, l'orgueil, l'avarice et la paresse. Par conséquent, cela a donné naissance au développement d'une nouvelle discipline, le tasawwuf, que l'on traduit par le soufisme.
Le soufisme (« At-tasawwuf » qui signifie mysticisme en arabe) est une voie mystique de l'islam, avec un ensemble de pratiques mystiques et ascétiques qui se concentrent sur la recherche de la proximité divine et de la purification de l'âme.
Le soufisme est apparu pour la première fois vers les VIIIe et IXe siècles, dans la partie occidentale du monde islamique, en Égypte, en Syrie et en Irak sous l'influence du monachisme chrétien oriental. Au Xe siècle, après s'être séparé de l'ascèse, le soufisme s'est formé en une secte philosophique et morale indépendante au sein de l'islam qui était progressiste pour l'époque.
Le soufisme s'est largement répandu d'est en ouest dans l'ensemble du monde islamique, sur le vaste territoire du califat arabe, de l'Espagne à l'Égypte, jusqu'au Turkestan oriental, y compris en Iran et en Asie centrale. Cependant, la tendance mystico-ascétique de l'islam n'est pas un phénomène exclusif à cette religion. On la trouve dans toutes les religions du monde, comme dans le monachisme chrétien par lequel le soufisme a directement été influencé, dans le judaïsme (Kabbale), le bouddhisme et l'hindouisme (diverses formes de monachisme) et qui remontent à plusieurs siècles.
Le soufisme ainsi que l'islam se sont formés en interaction avec des religions plus anciennes propres à chaque région. À l'époque où l'islam s'est répandu et a été établi dans les pays conquis par les Arabes, les traditions idéologiques préislamiques étaient encore vivantes et extrêmement conservatrices et se sont naturellement transmises à la religion la plus jeune du monde. Le soufisme en Asie centrale, en particulier, s'est formé sous l'influence des formes locales du zoroastrisme, du manichéisme, du nestorianisme et d'autres sectes et confréries religieuses orientales iraniennes qui existaient en Asie centrale préislamique, notamment dans la région de Maverannahr (Transoxiane).
L'origine du mot soufisme a été interprétée de différentes manières, que ce soit de l'arabe « suf » qui signifie la laine, du grec « sofna » qui signifie un moine, du persan « sof » qui signifie la sincérité, la franchise ou la naïveté, ou du turc « sufa » qui est un lieu où l'on s'assied. Le point de vue le plus courant est que le terme soufisme provient de « suf », la laine, à cause des vêtements en laine grossiers que les adeptes du soufisme portaient en signe de détachement, de pauvreté et de rejet des choses matérielles, dans les premières années où est née cette discipline.
Il est intéressant de savoir que le chemin spirituel de chaque soufi comporte quatre étapes qui sont les suivantes :
La charia : Obéissance à la loi islamique - Cette étape consiste à suivre les enseignements et les rituels de l'islam, tels que la prière, le jeûne et la charité aux plus démunis. Les soufis considèrent la charia comme un fondement nécessaire à la croissance spirituelle, car elle aide à purifier l'âme et à cultiver un bon caractère.
La tariqah : La voie, également traduite en français par confrérie soufie) - Cette étape consiste à suivre un cheminement spirituel avec l'aide d'un guide spirituel pour approfondir la compréhension des enseignements et des pratiques islamiques et développer une relation plus étroite avec Dieu. La tariqa implique également l'exécution de certaines pratiques spirituelles et de rituels précis, tels que la méditation et le chant.
La haqiqah : La vérité mystique de l'islam - Cette étape implique un abandon complet de soi à Dieu et une prise de conscience de l'unité et de l'unicité de toutes choses. C'est la connaissance que le soufi acquiert lorsque les secrets de l'essence divine lui sont révélés au terme de son voyage vers l'union avec Dieu.
La ma'rifah : La connaissance mystique de Dieu par la méditation et la perception de Dieu – Cette étape consiste à atteindre un état de félicité et d'illumination totale, dans lequel le chercheur expérimente les plus hauts niveaux d'illumination spirituelle.
Les disciples qui souhaitent s'engager sur la voie du soufisme sont appelés murids (ce qui signifie « assoiffé de Dieu ») ainsi que saliks, qui signifie celui qui parcourt la voie, ou encore ahl e dils et mutassavıfs.
Ces murids doivent suivre leur chemin sous les auspices de leurs maîtres spirituels, des guides appelés Cheikhs, Murshids, Pirs, Khojas, Ishons, Mavlons (Maulana), Makhdoums qui à leur tour ont reçu l'autorité de les guider. Les maîtres spirituels soufis sont expérimentés et la transmission du savoir soufi se fait par une chaîne ininterrompue de maîtres et de disciples dont les lignées familiales remontent à la source même de l'islam.
Au cours de son existence, le soufisme a traversé plusieurs étapes de développement et de transformation, déterminées par les changements des situations socio-économiques et politiques, des tendances idéologiques, dogmatiques, de la philosophie soufie et en fonction de sa propagation géographique. Figurativement, le développement du soufisme peut être divisé en plusieurs étapes, du VIIIe au Xe siècle, du XIe à la fin du XIIe siècle, du XIIIe au XVe siècle et du XVIe au XVIIe siècle.
Cependant, les premières formes de soufisme (mysticisme prononcé, ascétisme, célibat et réclusion) ont provoqué une attitude négative de l'Islam canonique à son égard. Le soufisme, au premier stade de son existence, a été déclaré hérétique et s'est opposé à l'orthodoxie sunnite jusqu'au XIe. À partir du XIe siècle, le soufisme s'est progressivement transformé en une forme plus adaptée et plus tolérante à tous les niveaux hiérarchiques de la population, on l'appelle le « soufisme modéré ». Une réconciliation progressive des théologies sunnite et soufie était en cours. À partir de cette époque, le soufisme a commencé à se répandre largement, ce qui a amené non seulement les serviteurs pauvres, mais aussi les seigneurs riches à rejoindre ses confréries. Être soufi était considéré comme honorable et de bon ton.
Au début du XIIe siècle, trois grands ordres se sont formés en Asie centrale : la confrérie Kubrâwiyya (à Khorezm) qui a été fondée par Najm al-Dîn Kubrâ, surnommé le « faiseur de saints » ; la confrérie Qadiriyya fondée à Bagdad par l'iranien Abdul Qadir al-Jilani et où l'on trouve des adeptes à Ferghana ; et l'ordre turc Yassawiya a été fondé au Turkestan, dans le sud du Kazakhstan, par Ahmed Yasavi sur la base des enseignements qu'il a reçus de Yusuf al-Hamadani.
Entre diverses unions soufies, les Tariqas menaient un combat pour avoir un plus grand impact sur les croyants, ce qui a parfois pris un caractère acharné.
En conclusion, le soufisme n'a jamais représenté un tout unifié ni dans ses enseignements ni dans ses pratiques cultuelles et institutionnelles. Les ordres, comme dans les monastères chrétiens, ont élaboré leurs propres règles et ils ont développé des rituels spécifiques comme la réjouissance, le chant « sama » et la danse « raks » des derviches tourneurs qui se recommandent de Jalaleddin Rumi, dit Mevlana, avec des différences dans les confréries soufies qui ont des origines remontant à plusieurs siècles.
À aucun stade de son développement, le soufisme n'a été caractérisé par un ensemble de principes coordonnés, strictement définis et précis. Le soufisme n'est pas une discipline idéologique spécifique, mais il est constitué par une multitude de disciplines, d'écoles et de tendances unies uniquement dans la pratique du soufisme. C'est-à-dire une pratique rituelle où, par l'extase et l'illumination intérieure, les soufis atteignaient la connaissance spirituelle et intuitive de Dieu.
Laissez-Nous Vous Guider Sur Les Chemins Des Lieux Saints Et Sacrés Du Soufisme En Ouzbékistan
De nombreux monuments et des édifices soufis grandioses, tous aussi beaux les uns que les autres, ont été préservés jusqu'à aujourd'hui en Ouzbékistan.
À la périphérie de Boukhara - Vous pouvez visiter le mausolée de Bahâ' uddin Naqshband où repose Muhammad Bahâ' uddin Shâh Naqshband.
Dans la région de Boukhara - Plusieurs édifices sacrés soufis où seules les femmes pouvaient se rendre ont été établis sur le territoire de l'Asie centrale. Le complexe architectural de Qizbibi, une célèbre jeune fille honorée du nom de « Bibi Maxsumai pok », était le plus important d'entre eux et il est situé dans le district de Jondor.
À Samarcande - Ville inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, rendez-vous au mausolée et à la mosquée Khodja Akhrar, ainsi qu'aux admirables mausolées de Rukhabad et de Gour Emir, lieu de sépulture de Tamerlan (Timur Lang, Amir Timur, Amir Timour).
À Tachkent - Vous admirerez le mausolée de Cheikh Zaïnoudine (Zaïnoudine Bâbâ) de l'ordre de Sohrawardi. En outre, vous pouvez choisir de visiter le mausolée de Shaykh Khovendi at-Tahur (Shaykhantahur) et le mausolée de Kaffal Shashi construit en l'honneur d'Abu Bakr Muhammad ibn Ali ibn Ismail al-Kaffal ash-Shashi.
À la périphérie de Tachkent - Il y a aussi l'imposant et magnifique complexe architectural de Zangiota.
Tous ces lieux sacrés du soufisme sont des sanctuaires. Des pèlerins de pays lointains y viennent pour y trouver la guérison et la sagesse.
Lieux du soufisme en Ouzbékistan (en anglais)
Maîtres Spirituels Soufis en Ouzbékistan :
Khoja Ahrar (en anglais)
Saif ad-Din Boharzi (en anglais)
Bahouddin Naqshbandi (en anglais)
Shaykh Khovendi at-Tahur (Shaykhantahur) (en anglais)
Ahmad Yassawi (en anglais)